Le programme de « Gouvernance inclusive pour la paix dans la province du Kasaï », en République démocratique du Congo (RDC), mis en œuvre par Action pour la paix et la concorde (APC) en partenariat avec Interpeace, a réalisé des progrès significatifs dans l'autonomisation du leadership des femmes et des jeunes.
Pendant longtemps, les femmes de la région ont été marginalisées et leur pouvoir de décision limité. Cependant, une nouvelle ère d’inclusion et d’égalité est en train d’émerger, offrant aux femmes davantage d’opportunités et de droits.
En 2019, Munda Tshonga Mado, 47 ans, mère de six enfants, était femme au foyer. En 2020, elle est devenue députée du district « Mawika » à Kamonia, province du Kasaï. Son leadership, caractérisé par la démocratie, l'inclusion et le dévouement à la paix, lui a valu la reconnaissance et l'appréciation dans son rôle de chef de district.
Depuis 2021, Mado participe à des événements de consolidation de la paix, notamment des sessions de formation pour les organisations communautaires. APC et Interpeace ont organisé ces sessions axées sur l'analyse des conflits et la transformation positive des conflits par la médiation et le dialogue. Des femmes comme Mado ont trouvé une plateforme pour récupérer leur voix et affirmer leur rôle dans la sphère publique.
Partageant son histoire, Mado raconte : « Pendant cette période, nous avons assisté à plusieurs sessions de formation avec les autorités locales. Un jour, le chef du district de Kamonia, Job Kayimbo, m'a approché pour assumer le rôle de cheffe de la localité du Vatican, l'une de celles dans son district. Peu de temps après, un conflit éclata entre le chef sortant du district de Mawika et son adjoint. Devant la difficulté de les concilier, le maire de la commune rurale de Kamonia, qui appréciait également mon travail, m'a nommée cheffe du district de Mawika, constitué de cinq localités ».
Cette nomination à un poste auparavant considéré comme inaccessible pour les femmes a brisé les stéréotypes et mis en évidence le potentiel de celles-ci à diriger dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes. Elle a participé activement aux activités de consolidation de la paix pour le projet « Renforcer la gouvernance pour la paix en République démocratique du Congo », financé par l'Agence suédoise de développement international (Sida).
En 2022, le parcours de Mado a franchi une étape significative avec le lancement du projet d'APC visant à renforcer le leadership des femmes. Elle a participé activement à des ateliers et des sessions de formation avec ses pairs. Ces réunions ont couvert divers sujets, notamment le leadership des femmes, les résolutions 1325 et 2325 de l'ONU et les facteurs qui contribuent à l'exclusion des femmes des processus de prise de décision. Grâce à ces efforts, un changement d'attitude positif a eu lieu, les participants masculins plaidant désormais pour des femmes aux postes d'autorité au sein des mécanismes de paix et des arènes politiques.
Lors d'un atelier sur la gouvernance de la paix en novembre 2023, le président de la société civile de Kamonia, Clément Yaudiko, a exprimé son soutien aux initiatives de développement de Mado. Cependant, il a également souligné l'importance de s'attaquer aux barrières culturelles qui entravent l'autonomisation des femmes et le progrès des jeunes dans la région du Kasaï.
Mado a été victime de discrimination de la part d’hommes politiques, ce qui a conduit à un nombre limité de votes contre elle lors des élections de 2023. Sans se laisser décourager, elle a maintenu sa résolution et a décidé de se présenter comme députée nationale de son parti, l'Union pour la nation congolaise (UNC), dans la circonscription électorale de Kamonia. Même si elle n’a pas obtenu la majorité des voix, Mado a persisté et a montré son dévouement à l’arène politique en recherchant activement des opportunités de mentorat.
Son parcours a atteint son apogée lorsqu’elle a été élue présidente de l’Union des jeunes pour le développement intégral de Kamonia (UJDIK), montrant sa capacité à mobiliser à la base et à s’engager efficacement auprès de la communauté. À l'heure actuelle, Mado collabore avec les dirigeants locaux, leur offrant un mentorat et des conseils.
Le parcours de Mado rappelle l'importance de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes au Kasaï. Il plaide pour une gouvernance inclusive dans les questions liées à la paix et souligne le potentiel inexploité de la province pour utiliser pleinement les capacités de ses femmes. Cette approche ouvre la voie à un avenir où les femmes pourront diriger avec confiance et conviction.